État actuel de la question
A) Cytomegalovirus (CMV)
Définitions et moyens diagnostiques
- Infection: détection du CMV dans le sang total (Antigène ou ADN) quantitatif, ou plasma (ADN)
- Maladie: infection avec atteinte d’organe prouvée :
– Atteinte pulmonaire: lavage broncho-alvéolaire (absence de techniques de références identifiées : culture, PCR quantitative ou immunofluorescence)
– Atteinte neurologique: liquide céphalorachidien (PCR quantitative)
– Atteinte oculaire: fond d’œil typique
– Autres organes: mise en évidence par biopsies d’un effet cytopathogène avec et/ou culture et/ou immunofluorescence positives à CMV. - Echec du traitement préemptif (infection): Envisager l’échec de la première ligne si stabilité ou augmentation de l’antigénémie ou de la PCR 15 jours après le début du traitement
- Echec du traitement curatif (maladie): absence de diminution significative (0,5 à 1 log par semaine) ou persistance de symptômes attribuables au CMV après 3 semaines de traitement d’attaque
Choix du donneur [1, 2] .
- Receveur séronégatif : privilégier un donneur séronégatif et les transfusions en CMVnég (en plus de la déleucocytation systématique) si possible
- Receveur séropositif : privilégier un donneur séropositif
- Traitement prophylactique non recommandé
Monitorage
- Antigénémie (en l’absence de neutropénie sur sang total) ou PCR quantitative (sang total ou plasma) avec un rythme hebdomadaire, de J+7 à J+100 post-greffe. Toutefois, en cas de réactivations antérieures, maladie du greffon contre l’hôte (GVHD), ou greffes non compatibles (mismatch = 9/10), greffe de sang de cordon ou greffe haplo-mismatch, la surveillance peut être augmentée à 2 fois par semaine au cas par cas.
Traitement préemptif :
Antigénémie = 3 noyaux ou PCR=3,5 log (3250 copies/ml) en fonction de la cinétique et du type de donneur.
1ere ligne
- Ganciclovir (GCV) 5mg/kg x 2/jour pendant 15 jours ou foscarnet (FOS) 60mg/kg x 3/jour ou 90mg/kg x 2/jour pendant 15 jours en fonction des cytopénies et de la fonction rénale. Le valganciclovir (VGCV) à la dose de 900mg per os (PO) x 2/jour pendant 15 jours est aussi accepté. – Envisager la diminution des immunosuppresseurs en l’absence de GVHD.
2eme ligne
- En première intention, l’alternance thérapeutique (GCV si FOS ou FOS si GCV) est conseillée.
3eme ligne
- Envisager échec de la deuxième ligne si stabilité ou augmentation de l’antigénémie ou de la PCR 15 jours après la modification thérapeutique.
- Recherche de résistances même si le rationnel reste discutable.
- l’Association (GCV et FOS) reste le traitement de référence dans cette situation. Un traitement par Artesunate ou Maribavir à fortes doses (tous les 2 en ATU) peut être discuté ainsi que l’injection de lymphocytes T spécifiques (CTL) anti-CMV (si protocole ouvert).
Traitement curatif:
- Le schéma thérapeutique est identique mais la durée totale de traitement est de 3 semaines minimum.
- cas particuliers : préférer GCV si atteinte pulmonaire et discuter l’association GCV et FOS pour les atteintes du système nerveux central
Traitement d’entretien :
- Après traitement préemptif si 2eme réactivation et toujours après traitement curatif – Durée : 2 à 4 semaines
- Dose : demi-dose
- Traitement PO possible par VGCV en l’absence d’échec clinique antérieur au GCV ou de documentation de résistance
Dosage des antiviraux / tests de résistances
Aucune donnée
B) Epstein-Barr Virus (EBV)
Définitions
- Primo-infection : individu antérieurement séronégatif, avec ou sans manifestations cliniques
- Réactivation : individu antérieurement séropositif, charge virale détectable, avec ou sans symptômes
- Maladie à EBV symptomatique probable si charge virale élevée ou ascendante et signes cliniques/biologiques compatibles
- Maladie à EBV symptomatique prouvée si charge virale élevée ou ascendante et documentation de l’EBV en histologie (biopsie d’un organe atteint objectivant une lymphoprolifération associée à l’EBV en cas de lymphoprolifération post-transplantation liée à l’EBV ou dans le LCR en cas d’encéphalite à EBV).
Monitorage
- PCR quantitative sur sang total ou cellules mononucléées avec un rythme hebdomadaire à partir de J0 jusqu’à J+100 post-greffe. La surveillance est à poursuivre en cas de réactivation antérieure ou GVHD.
- Tenir compte du risque : Il n’est pas nécessaire d’instaurer de surveillance systématique en cas de greffe géno-identique notamment lorsque il n’existe pas de T déplétion qu’elle soit in vitro ou in vivo (Sérum antilymphocytaire par exemple)
Prophylaxie
Il n’y a pas de prophylaxie recommandée.
Traitement préemptif
- Seuil de traitement: PCR quantitative > 10 4 copies/ml (sang total) : réévaluation à 7 jours et discussion du traitement si augmentation de la charge virale et/ou signes cliniques et/ou facteurs de risques.
- Envisager si possible/pertinent la baisse de l’immunosuppression.
- Traitement : Rituximab 375mg/m 2 une injection qui sera poursuivie par une 2 eme injection en l’absence de diminution d’au moins 1 log dans les 7 premiers jours.
- L’absence de réponse à 2 injections doit conduire à une exploration à la recherche d’un syndrome tumoral par un scanner du corps entier et cérébral afin d’éliminer un syndrome lymphoprolifératif post-transplantation lié à l’EBV (PTLD) et biopsie le cas échéant.
- Autres options à discuter en l’absence de réponse et sans PTLD: poursuite du Rituximab et/ou injection des lymphocytes du donneur (DLI) à faibles doses ou CTL spécifiques.
Traitement curatif:
- Arrêt rapide de l’immunosuppression
- Rituximab 375mg/m 2 hebdomadaire jusqu’à réponse
- Si insuffisant, discuter chimiothérapie et/ou DLI à faibles doses ou CTL spécifiques
Questions résiduelles à explorer
CMV:
- Valeur du lavage bronchoalvéolaire dans la suspicion de pneumopathie et type de technique envisagée pour confirmer l’atteinte (immunofluorescence, culture, PCR quantitative)
- Seuil de l’antigénémie et PCR quantitative justifiant un traitement
- Evaluer la place de la recherche de résistance dans le schéma thérapeutique
- Place des associations – Indication du traitement d’entretien dès le premier épisode de réactivation
- Durée optimale du traitement curatif et du traitement d’entretien
EBV : [3] [4]
- Intérêt de la déplétion B en prophylaxie dans les situations à haut risque (par exemple la greffe de sang de cordon)
- Place des DLI et des CTL spécifiques
RÉFÉRENCES
1. Thiele, T., et al., Transmission of cytomegalovirus (CMV) infection by leukoreduced blood products not tested for CMV antibodies: a single-center prospective study in high-risk patients undergoing allogeneic hematopoietic stem cell transplantation (CME). Transfusion. 51 (12): p. 2620-6.
2. Pietersma, F.L., et al., Influence of donor cytomegalovirus (CMV) status on severity of viral reactivation after allogeneic stem cell transplantation in CMV-seropositive recipients. Clin Infect Dis, 2011. 52 (7): p. e144-8.
3. Heslop, H.E., How I treat EBV lymphoproliferation. Blood, 2009. 114 (19): p. 4002-8.
4. Boeckh, M. and P. Ljungman, How we treat cytomegalovirus in hematopoietic cell transplant recipients. Blood, 2009. 113 (23): p. 5711-9.