État actuel de la question
- La biovigilance, mise en place par le décret n° 2003-1206 du 12 décembre 2003, a pour objet la surveillance des incidents et des risques d’incident relatifs aux éléments et produits du corps humain utilisés à des fins thérapeutiques
- Le correspondant local de biovigilance (CLB) de l’établissement de soins représente l’échelon local en relation directe avec l’AFSSAPS et l’Agence de Biomédecine (ABM). Il est chargé de recueillir l’ensemble des informations portées à sa connaissance et relatives aux incidents et effets indésirables
- Le CLB doit informer sans délai le correspondant de biovigilance de l’ABM de tout incident ou effet indésirable survenu dans le cadre des activités de prélèvement ou de greffe d’organes ou de tissus.
- On note actuellement une sous-déclaration et une hétérogénéité dans les déclarations de biovigilance au niveau national. Par exemple
– réinjection trop précoce de CSH autologues après conditionnement, ayant conduit à un changement des pratiques dans un centre. Ou encore
– fréquence élevée de contaminations bactériennes d’unités de sang placentaire ayant nécessité un supplément de formation des équipes de prélèvement en maternité - Le nombre d’incidents ou d’effets indésirables rapportés en biovigilance en 2010 après allo ou autogreffe de CSH varie de 0 à 42 par région en France, la moyenne étant de 8. Ceci est à mettre en perspective avec le nombre de prélèvements et d’inspections de greffons (cf tableau 1 et 2). De plus, le type d’évènements signalés varie selon les centres et les CLB. Une contamination par le cytomégalovirus d’un receveur séronégatif par un donneur séropositif après allogreffe sera ainsi déclarée comme un incident par certains CLB, non par d’autres ; de même en ce qui concerne une maladie veino-occlusive hépatique, complication fréquente après allogreffe de CSH.
Tableau 1: Nombre de prélèvements de cellules en France en 2010 en France (source : rapport de Biovigilance 2010)
Tableau 2 : Nombre d’administrations de produits de thérapie cellulaire en 2010 en France (source : rapport de Biovigilance 2010)
Conclusion de l’atelier
Il est utile de déclarer les effets indésirables pouvant conduire à une modification des procédures ou des contrôles.
Nous avons donc procédé à l’élaboration de fiches types de déclaration d’évènements indésirables graves (EIG) pour faciliter et harmoniser les déclarations de biovigilance sur le territoire. Afin de favoriser la déclaration d’incidents chez les donneurs, une fiche spécifique a également été rédigée pour le donneur.
Recommandations
Les fiches pourront être intégrées au dossier papier/dossier informatique du patient et de son donneur afin de servir de supports à la déclaration. Elles permettront également d’améliorer la traçabilité des déclarations et servir d’outil d’aide à la saisie dans PROMISE. L’atelier insiste sur la nécessité d’un suivi du nombre et du type de déclarations de biovigilance après greffe de CSH, afin de procéder à une évaluation régulière des pratiques et des éventuelles dérives.
Les complications attendues des greffes ne sont pas à déclarer et une liste non exhaustive de complications fréquentes pourra être jointe à la fiche de déclaration.
De J0 à J100 post-allogreffe :
Déclarer :
- infection bactérienne, virale (ex : VHB,VHC, VIH, HTLV, West-Nile,…) fongique, parasitaire potentiellement transmise par le greffon
- autres évènements inattendus
- accident grave liée à une incompatibilité érythrocytaire
- non prise de greffe et/ou rejet précoce
- GVH grade II-IV en situation syngénique
Ne pas déclarer :
- évènements toxiques attendus liés au conditionnement ou aux traitements associés
ex : mucite, MVO, microangiopathie thrombotique - parmi les infections virales :
séropositivation ou réactivation : CMV, EBV, HHV6, adenovirus, BK virus, virus respiratoires, entérovirus, VZV, HSV - infection bactérienne, fongique, parasitaire liée à l’immunodépression ou à une réactivation (toxoplasmose par ex)
- réaction aiguë du greffon contre l’hôte
Ne pas déclarer les décès liés à une complication attendue de la greffe (infections, GVH sévère, rechute de l’hémopathie, toxicité attendue)
Après J100 post-allogreffe :
Déclarer :
- hémopathies ou tumeurs potentiellement transmises par le greffon.
Ex : leucémie sur les cellules du donneur - infection transmise de révélation tardive
- toute pathologie inattendue pouvant être liée au greffon (pathologie auto-immune hors GVH, allergie sévère, maladie génétique…)
Ne pas déclarer :
GVH chronique et pathologies associées, complications connues à long terme (ex : ostéonécrose, bronchiolite oblitérante, insuffisance rénale, cancers post radiques (thyroide, peau…) et cancers liés à l’immunodépression (lymphomes EBV induits)
Questions résiduelles à explorer
Serait il possible à l’avenir de réaliser en interfacer avec la biovigilance et le recueil dans le logiciel Promise de toutes les greffes de CSH ?
Annexe 1: FICHE DE SIGNALEMENT DES EFFETS INDESIRABLES – GREFFE ALLO DE CSH
Annexe 2 : FICHE DE SIGNALEMENT DES EFFETS INDESIRABLES – GREFFE AUTO DE CSH
Annexe 3 : FICHE DE SIGNALEMENT DES EFFETS INDESIRABLES – DONNEUR ALLO CSH
RÉFÉRENCES
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